055 - TEAM AMERICA, POLICE DU MONDE, un film de Trey Parker, 2004.
- LE FILM -
Synopsis : Team America est une unité d’élite qui se bat sous toutes les latitudes pour assurer notre sécurité sans respect des conventions internationales… Et des monuments historiques victimes collatérales de leurs interventions musclées. Apprenant qu’un dictateur mégalo s’apprête à livrer des armes de destruction massive à une organisation terroriste, le groupe se lance une fois de plus dans la bataille…
« Ameeeeeerica! Fuck Yeah ! » chante de façon enjouée Trey Parker dans le thème patriotique de la « TEAM AMERICA ». Le co-créateur de « South Park » œuvre d’ailleurs à plusieurs postes sur ce film : réalisation, co-écriture et de multiples voix de personnages de ce film d’animation en plus d’avoir joué le chansonnier pour des numéros musicaux de ce long métrage. Son camarade, Matt Stone, co-créateur de South Park, a lui aussi joué quelques personnages et a participé à l’écriture du scénario en compagnie de la scénariste Pam Brady, une grande habituée de la série animée culte. Sorti en salles obscures cinq ans après « South Park Le Film », « TEAM AMERICA » est justement un projet inscrit dans l’esprit de la série de la bande de Stan, Cartman, Kyle et Kenny. Et il est le pastiche d’une autre grande série, d’aventure et à suspense, The Thunderbirds – les sentinelles de l’air, créée par le couple génial Sylvia et Gerry Anderson et diffusée pour la première fois au Royaume-Uni entre 1965 et 1966.
« TEAM AMERICA » est effectivement un film conçu avec des marionnettes animées suivant une organisation de secours international. À l’inverse des Thunderbirds, elle n’est pas franchement altruiste, se fiche bien des dégâts collatéraux, est définitivement patriotique et n’a qu’une obsession : buter du terroriste pour sauver le monde ! Ce film d’action satirique n’en rate pas une et ne retient pas ses cartouches concernant de multiples cibles comprenant certaines déjà tournées en dérision dans « South Park ». Ainsi des dialogues ironiques et des situations explosives s’amusent de l’hypocrisie de « l’aide militaire américaine » à l’étranger, en particulier des interventions plus dangereuses que bienveillantes ; d’autres répliques bien acerbes remettent à la place le tout-Hollywood politiquement infantile et toujours prêt à sauver le monde entier à coup de bons sentiments ; une scène d’assassinat spectaculaire et une séquence musicale font d’un terrible dictateur nord-Coréen un odieux petit salopard solitaire digne d’un vilain de « James Bond ».
L’action est évidemment over-the-top, emphatique, avec quelques citations Bay-iennes. Une chanson très drôle est d’ailleurs dédiée à ce cher Michael Bay qui a sincèrement déçu les auteurs de « TEAM AMERICA » avec « Pearl Harbor » (ce qui tient de l’euphémisme). Une poursuite dans le désert, une bataille aérienne ou encore du « shoot » sanglant bien absurde vont notamment occuper la TEAM AMERICA. On retiendra notamment une scène d’opération chirurgicale afin de transformer physiquement le nouveau membre de la TEAM AMERICA en un agent infiltré au Moyen-Orient au résultat ironiquement hilarant. Ainsi qu’une scène de sexe entre deux marionnettes qui rendrait jaloux le Paul Verhoeven de « Basic Instinct » et « Showgirls ».
On peut parfois regretter un certain manque de soin dans les déplacements et l’animation des marionnettes, au résultat ici moins sophistiqué que dans les Thunderbirds. Certes, il s’agit d’un pastiche, et surtout d’une grande déconnade, mais comme nous l’ont enseigné des maîtres du genre tels que Ben Stiller, Jim Carrey, Will Ferrell et Kristen Wiig, la comédie exige la plus grande précision, dans ses moments les plus drôles comme dans ses instants les plus sérieux. On nuancera en rappelant que Trey Parker n’a pas manqué d’ambition et a su très bien s’entourer : la photographie du film signée Bill Pope (« Spider-Man 2 », « The Matrix », « Scott Pilgrim vs. The World ») est magnifique ; et la bande-son signée Harry Gregson-Williams, co-compositeur sur « Rock » et « Armageddon » de Michael Bay, n’a décidemment pas peur de plonger dans les grands sentiments. Et c’est tant mieux, sa bande-son créée souvent un grand écart avec ce qui se joue à l’écran, propre à déclencher l’hilarité ; d’un autre côté, elle apporte parfois une certaine tendresse à quelques moments pourtant bien siphonnés.
Vingt ans après sa sortie en salles, « TEAM AMERICA » est une grande farce cinématographique qui n’a pas perdu de sa vigueur. Trey Parker et son équipe ont conçu un spectacle hilarant qui vire parfois au joyeux capharnaüm un peu usant, sans être jamais rébarbatif.
- L'ÉDITION BLU-RAY -
« Team America : Police du Monde » fête ses vingt ans en UHD 4K via l’éditeur vidéo Paramount, distribué par ESCD. Les Français pourraient se sentir franchement lésés face aux décisions éditoriales prises sur l’édition hexagonale du film. Avec l’édition américaine, les vidéophiles d’outre-Atlantique ont eu droit à la version cinéma en UHD 4K ainsi qu’à la version unrated (non censurée) sur le Blu-ray de l’édition, avec des compléments. Ce disque Blu-ray ne tient pas d’une nouvelle édition, il s’agit d’un ancien disque. Quant à nous autres, sur le vieux continent, nous avons eu le droit à une édition avec l’UHD 4K de la version cinéma et l’ancien Blu-ray de la version cinéma, contenant donc l’ancien master et ne comportant pas de bonus. Une question réside : pourquoi ? Pourquoi au « pays du cinéma » (comme souvent rappelé) l’éditeur fournit une édition moins complète que sur le territoire US, pire la remplit à moitié avec des fonds de tiroir désuets ? L’édition américaine ne réinventait pas l’eau chaude : elle ne propose pas de nouveau bonus et encore moins une version « unrated » restaurée. Mais elle a le mérite d’être déjà relativement complète et pertinente.
Heureusement, la restauration 4K du film est de toute beauté. Oubliez l’ancien disque Blu-ray (hélas présent dans cette édition). Une nouvelle numérisation a certainement eu lieu pour ce transfert 4K. L’image, pleinement nettoyée, est ainsi bien plus fine. Le cadre est plus ouvert, des portions d’image ont ainsi été récupérées La photographie du film est somptueusement restituée avec un grain d’image organique. On peut imaginer qu’il a été légèrement lissé mais il n’y a pas d’artefacts d’usage poussif du DNR visibles ici. La colorimétrie s’en sort donc formidablement. On notait une dérive magenta sur l’ancien master mais il n’en est plus question ici. La palette de couleurs est très équilibrée et surtout a gagné en nuances. On note toutefois que les plans à effets spéciaux numériques – certainement finis en HD à l’époque - perdent en définition, mais cela ne devrait pas gêner le confort de visionnage.
Du côté du son, la VF culte n’est hélas proposée qu’en Dolby Digital 5.1. Le mix souffre d’ailleurs d’un déséquilibre – entre les dialogues et les effets sonores – qui oblige à jouer de la télécommande. Quant à la VO proposée en DTS-HD Master Audio 5.1, même s’il n’y a pas eu de remix, elle reste diablement efficace.
- RECOMMANDATION DE L'ÉDITION : 3,5/5
TEAM AMERICA, POLICE DU MONDE, DISPONIBLE DEPUIS LE 26 JUIN 2024 NOTAMMENT CHEZ ESCD :