#043 - KARATE KID, un film de John G. Avildsen, 1984.
- LE FILM -
Synopsis : Daniel (Ralph Macchio) quitte le Texas pour s'installer avec sa mère en Californie. Au lycée, ses nouveaux camarades de classe l'isolent et le persécutent. Alors qu’il est passé à tabac, le gardien de l’immeuble, un vieil immigrant japonais nommé Monsieur Miyagi (Noriyuki « Pat » Morita) le sauve de ses agresseurs avec des techniques de karaté. À la demande de Daniel, le vieux sage accepte alors de le former à cet art martial.
Entre "Rocky" (1976) et "The Karaté Kid" ("Le Moment de Vérité" - 1984), la filiation dépasse la présence du cinéaste John G. Avildsen à la réalisation de ces deux longs métrages cultes. En effet, "The Karaté Kid" partage avec "Rocky" des thématiques évidentes à noter : la réussite du héros modeste dans un milieu sportif embourgeoisé (la boxe à haut niveau pour l’un, le karaté pour l’autre) ; la résilience de nos héros dans un cosmos qui tend à les broyer ; ou encore de façon plus générale, la transcendance du col bleu à travers le sport et l’amour. Il n’est donc pas si étonnant que ce petit film adolescent, énième représentant du drame sportif, ait connu un succès populaire important, ainsi qu’un succès d’estime qui l’a conduit jusqu’aux oscars avec une nomination décernée à l’acteur américain d’origine japonaise, Noriyuki « Pat » Morita dans le rôle de l’altruiste Monsieur Miyagi.
Comme "Rocky", "Le Moment de vérité" traverse les âges et atteint toujours le public en plein cœur, d’une part pour ses thématiques sociales et spirituelles qui sont universelles, de l’autre, parce-que ce qui aurait pu être un énième dérivé de la saga dédiée à Rocky Balboa a su se forger une identité propre. La force du film ne résonne pas dans ce concours de karaté auquel Daniel est engagé à participer, mais dans le duo qui se forme à l’écran : Daniel et Miyagi. Ces deux déracinés et solitaires (la mère de Daniel est prise par le travail et la femme de Miyagi est décédée) vont tisser une amitié à travers la formation de Daniel comme « Karaté Kid ». Par l’humour, parfois absurde, et la rigueur de la répétition des gestes précis de cet art martial, la formation va prendre forme. Derrière ces mêmes gestes qui servent d’abord à se défendre - voire à écarter (et donc éviter) le combat -, une philosophie pacifiste est valorisée et les générations et cultures vont ainsi s’entrecroiser. "The Karaté Kid" mute alors en une forme de « buddy movie » où, comme la majorité des films de ce genre l’attestent, nos deux personnages vont s’entraider pour mieux affronter et dépasser leurs névroses respectives (la peur des autres élèves violents et le manque de confiance pour Daniel qui se trouve dans une position d’insécurité double puisqu’il est loin de chez lui ; l’alcoolisme et le manque d’estime de soi pour le tranquille Miyagi dans un pays étranger qui ne l’a jamais pleinement intégré malgré un parcours militaire médaillé - pourtant propre à satisfaire la gloriole américaine comme l’expose particulièrement la séquence avec les beaufs racistes - pléonasme - lorsqu’ils quittent la plage). 
 Cette relation d’amitié sincère prend forme au sein d’un film diablement efficace, peut-même trop pour son propre bien. En effet, chaque scène fait avancer l’intrigue. Il manque des séquences qui permettraient au récit de respirer un peu et de dessiner avec plus de subtilité et de caractérisation organique nos personnages qui restent pour la plupart raccordés à leurs archétypes. La mère sympathique et sans le sou est ainsi peu présente à l’écran et cela est rapidement justifié par son activité professionnelle importante dont on ne sait pas grand-chose si ce n’est qu’elle œuvre dans l’informatique sans pour autant gagner un rond. Daniel enchaine les scènes d’humiliation et de violence physique assez brutales. Et il semble que personne, dans son lycée, ne s’intéresse à son cas d’adolescent harcelé et agressé régulièrement. D’ailleurs, si l’interprétation de « Pat » Morita permet de calmer le rythme du film et d’y apporter davantage de profondeur, celle du jeune Ralph Maccio n’est pas toujours des plus convaincantes tant il débite parfois ses répliques comme une fusée en pleine ascension, mais qui ne sait pas pourquoi elle a décollé. On peut aussi facilement imaginer qu’Avildsen lui ait donné des directives de jeu retenues de son expérience sur "Rocky" tant Maccio s’exclame parfois avec cette voix un peu « gueularde » et cette attitude inconséquente que pouvaient avoir Stallone dans le premier volet de la saga Balboa.
Au-delà de ces quelques remarques, "The Karaté Kid" se doit d’être (re)découvert bien au-delà de son statut de film culte figé par la nostalgie gluante qui tend à enliser la plupart des films des années 80 et 90 dans la douceur reconditionnée des souvenirs des spectateurs enfants et adolescents d’hier, aujourd’hui adultes.
- L'ÉDITION BLU-RAY -
"The Karaté Kid" fait son retour dans une édition UHD 4K soignée chez l’éditeur Sony et distribuée par ESC Distribution.
Oubliez l’ancien master HD dégrainé aux couleurs déséquilibrées et même délavées, le récent master 4K (qui date de 2019) - couplé à un nouvel étalonnage HDR / Dolby Vision et à un encodage HEVC - rendent véritablement hommage au caractère filmique du long métrage. Précision de l’image, gestion du grain organique, colorimétrie nuancée et contrastes saisissants sont rendez-vous pour une imagerie 4K formidablement définie. On notera que les poussières et autres artefacts d’usure du matériau filmique ont été nettoyés pendant le processus de masterisation 4K. Quelques limitations techniques sont notables ici et là : une séquence nocturne un peu bouchée et plusieurs plans davantage granuleux et épais. Ces soucis trouvent certainement leur justification dans les conditions de tournage du premier film dont le budget est par ailleurs estimé à huit millions contre 12,5 pour sa suite dont le master 4K s’avère éblouissant.
Du côté du son, les nouvelles sont toutes aussi bonnes. Trois mix en version originale sont présents : un mix Dolby Atmos (avec un cœur en 7.1) respectueux des sonorités d’époque ; un deuxième - et précédant - mix en DTS-HD Master Audio 5.1 et un troisième, l’original, en DTS-HD Master Audio 2.0. Le choix est donc assez large. Par ailleurs, les francophiles pourront se reporter sur la version française disponible en DTS-HD Master Audio 5.1.
Deux très courts modules viennent compléter l’expérience du film : trois minutes de scènes coupées et dix minutes de souvenirs ravivés par les acteurs Ralph Macchio, Billy Zabka et Martin Kove sur la conception de ce premier opus - qui comptera trois suites.
- RECOMMANDATION DE L'ÉDITION : 4,5/5
THE KARATÉ KID (LE MOMENT DE VÉRITÉ) EST DISPONIBLE EN ÉDITION UHD 4K EN FRANCE DEPUIS MAI 2022 CHEZ ESC DISTRIBUTION :