#018 - NIGHTFALL – POURSUITES DANS LA NUIT, un film de Jacques Tourneur, 1956.
- LE FILM -
James Vanning est un homme simple et tranquille. Mais l’argent d’un casse a disparu et deux malfrats extrêmement dangereux pensent qu’il est en sa possession. Vanning devient un homme en fuite, traqué par ces malfrats, filé par l’enquêteur de la compagnie d’assurance. Marie Gardner, un mannequin qu’il rencontre par hasard, s’embarque bientôt avec lui dans cette aventure qui les emmènera dans les montagnes enneigées du Wyoming…
S'il n'est pas le film le plus connu et reconnu de sa carrière, Jacques Tourneur tire de ce pitch de "faux coupable" en fuite - mêlant flashback, femme (pas si) fatale et règlement de compte - l'un des plus beaux longs métrages du genre du "film noir".
Le cinéaste derrière les sublimes "La Féline" ("Cat People", 1942), "La Griffe du Passé" ("Out of the Past", 1947) ou encore "Rendez-vous avec la peur" ("Night of the Demon", 1957) épate encore avec une mise en scène dynamique qui croise les trois parties construisant le récit - pour rappel : Vanning accompagné par Gardner ; le duo de malfrats ; et l'enquêteur employé par la compagnie d'assurance - avec une fluidité purement cinématographique.
Il peut s'agir d'un long plan à la grue nous amenant d'un coin de trottoir à l'intérieur d'un bus avec le détective incognito pour ensuite mieux se reconcentrer sur Vanning ; d'une simple conversation téléphonique perturbée par un regard vers l'immeuble d'en face situé en arrière-plan, pour amener le spectateur dans l'appartement observé au plan suivant ; ou d'un défilé de mode dont l'ambiance légère vire au piège mortel. Justement, la fluidité de la réalisation de Tourneur capte l'essence du matériel scénaristique : une mauvaise rencontre hasardeuse, même accidentelle, est à l'origine de la mésaventure de Vanning.
Tourneur a toujours été un cinéaste de l'épure comme de la stylisation expressionniste mêlée d'épouvante. Sa collaboration avec le chef opérateur Burnett Guffey ("L'Inexorable Enquête", 1952 ; "La Maître du Gang", 1949) lui a permis de travailler ces deux traits conduisant l'efficacité organique du film. Son introduction (qui ne dure qu'une heure et dix-neufs minutes) annonce d'ailleurs la couleur : en trois/quatre plans, Tourneur réussit à présenter son personnage comme un bonhomme en fuite tenant à se faire discret. Mais y arrivera-t-il ? Réussira-t-il à fuir ses poursuivants et à rétablir la vérité ? On vous laisse le luxe de découvrir, sans en dévoiler davantage, ce film formidable dont le final - parmi d'autres séquences - saura vous remémorer de grandes scènes du cinéma américain et notamment une de "Total Recall" (Paul Verhoeven, 1990) impliquant une foreuse et un mutant bien méchant.
- L'ÉDITION BLU-RAY -
"Nightfall" est à (re)découvrir dans une excellente édition Blu-ray (+ DVD) signée Rimini Éditions. Le master HD utilisé est basé sur de récents travaux sur le négatif original sans maltraitante numérique ajoutée : le contraste, la gestion du grain, la stabilité sont ainsi excellemment gérés. Le rendu visuel comme sonore (clair et dynamique) rendent véritablement hommage au savoir-faire technique du réalisateur et de l'équipe du film.
C'est du côté des suppléments que le bât blesse un peu, puisqu'il n'y aura qu'un seul bonus pour vous permettre de compléter votre expérience du film. Il s'agit toutefois d'un intéressant entretien d'une trentaine de minutes avec Mathieu Macheret, journaliste-cinéma au Monde et spécialiste du cinéma américain, qui revient sur la singularité du film ainsi que sur celle de la carrière de Tourneur ; le travail d'adaptation de l'ouvrage de David Goodis ou encore sur la mise en scène de personnages tout en ambiguïté.
- RECOMMANDATION DE L'ÉDITION : 4,5/5
NIGHTFALL – POURSUITES DANS LA NUIT, DISPONIBLE EN ÉDITION BLU-RAY (+DVD) CHEZ RIMINI VIDEOS DEPUIS LE 19 AOUT 2020, ET EST NOTAMMENT DISPONIBLE À L'ACHAT ICI :