#033 - LIFEFORCE - L’ETOILE DU MAL, un film de Tobe Hooper, 1985.
- LE FILM -
La navette spatiale américano-britannique Churchill explore un immense vaisseau extra-terrestre, apparemment naufragé, dissimulé dans la queue de la comète de Halley. Trois êtres humanoïdes, une femme et deux hommes, apparemment en état d’hibernation, sont ramenés sur le sol britannique. Lorsque ceux-ci se réveillent, on découvre qu’ils « vampirisent » les êtres humains en leur soutirant non pas leur sang, mais leur « force vitale ». Les victimes de cette ponction, pour survivre, se voient obligés de vampiriser à leur tour, donnant ainsi naissance à une pandémie impossible à contenir.
Hommage à "The Quatermass Xperiment" (1955) ainsi qu’aux séduisant(e)s vampires des spectacles gothiques de la Hammer ; blockbuster des années 80 au culte alimenté par les fantasmes autour des scènes de la vampire de l’espace incarnée par une Mathilda May magnifique et nue comme un ver ; série B aux intentions multiples mêlant vampires, zombies, space opera et romance cosmique : "Lifeforce" est tout cela à la fois.
En effet, le film de Tobe Hooper constitue une œuvre généreuse tant par sa plongée à la croisée des genres que par la volonté de son équipe de proposer un spectacle rétro musclé par les créatifs et moyens techniques contemporains. Ainsi retrouve-t-on Dan O’Bannon ("Alien", "Total Recall") et Don Jakoby ("Tonnerre de feu", "Vampires") au scénario, John Dykstra (responsable des effets spéciaux du premier "Star Wars" et de la première série "Battlestar Galactica") à la conception des effets spectaculaires du film, ou encore le maquilleur Nick Maley ("Superman" ; "Star Wars - Episode V : L’Empire Contre-Attaque"). On se doit de noter aussi la présence du grandiose compositeur Henry Mancini ("La Panthère Rose", "Allô, brigade spéciale") qui a conçu un thème épique pour une bande-son soutenue par Michael Kamen ("Die Hard", "X-Men") sur la version cinéma.
L’équipe du film avait de quoi faire rêver à l’époque. Hélas, le film fut un four au box-office et s’enlisa dans une réputation malheureusement bis pendant près de trois décennies. Les deux véritables défauts de cette série B efficace et aussi séduisante que son antagoniste tiennent dans le cast du rôle principal interprété par un Steve Railsback à « l’incarnation » soit monolithique soit outrancièrement fiévreuse ; et surtout à son scénario qui possède un ventre mou dans l’enquête de nos officiers hors de Londres - avec une séquence d’exorcisme homo-érotique d’un Patrick Stewart pré-"Star Trek The Next Generation" qui cabotine délicieusement - alors que rien n’est véritablement mis en place pour endiguer la propagation dans la ville qui sombre rapidement dans un surprenant chaos de zombies sanguinolents (qui étaient toutefois censés simplement vampiriser les flux vitaux des personnes qu’ils rencontraient).
Malgré cela, "Lifeforce" possède du charme et du cœur, pas tant par l’intrigue amoureuse étrangement tissée de façon décousue au fur et à mesure du long métrage, mais par la passion qui a été mise à l’ouvrage et qui est palpable à l’écran. Après le malheureux échec de "Lifeforce" survenu trois ans après le succès de "Poltergeist" (1982) - dont les débats sur la paternité Hooperienne/Spielbergienne n’ont pas manqué de blesser Tobe Hooper -, le réalisateur de "Massacre à la tronçonneuse" (1974) livrera l’année suivante un autre film de science-fiction sympathique et lui aussi anachronique, "L’Invasion vient de Mars", deuxième marche d’une longue descente aux enfers professionnelle pour le cinéaste.
- L'ÉDITION BLU-RAY -
"Lifeforce" revient nous charmer en 4K dans deux éditions : une édition combo UHD 4K + Blu-ray + Livret et une deuxième reprenant les mêmes disques mais sans livret.
L’éditeur Sidonis Calysta, qui avait déjà sorti le film en 2014 avec une édition loin d’être satisfaisante, nous permet toutefois ici d’accéder à la version cinéma en UHD 4K d’après le master 4K édité d’abord en Ultra HD chez Shout! Factory, et plus tôt en Blu-ray chez Arrow Video, ainsi qu’à la version longue internationale en Blu-ray d’après un master HD issu d’une restauration 4K comme Arrow Video l’avait d’ailleurs aussi réalisé.
Sur l’UHD 4K, nous obtenons un rendu vidéo respectueux de l’aspect filmique du film avec un grain et un format d’image respectés, ainsi qu’une colorimétrie et une précision qui rendent formidablement hommage au travail des différents artistes et artisans du film. Du côté du son, l’éditeur présente plusieurs propositions : trois versions originales dont une Dolby Atmos True HD et deux DTS-HD Master Audio 5.1 et 2.0. L’éditeur n’a pas oublié les francophiles avec la version française en DTS-HD 2.0 hélas moins spectaculaire que les versions originales.
Le Blu-ray fourni dans l’édition permet pour rappel d’accéder à la version internationale plus longue d’une quinzaine de minutes. Le master HD évoqué par Sidonis Calysta sur leur médiabook semble être le même que celui utilisé par Arrow Video sur leur édition de cette version, c’est-à-dire un master HD issu d’une restauration 4K. La différence réside surtout dans la gestion de l’encodage, plus performant chez Arrow qui assure une belle préservation du grain filmique. Au niveau sonore, on retrouve la VF qui, comme mentionné plus haut, manque d’envergure par rapport aux versions originales 5.1 et 2.0 DTSHD Master Audio.
Enfin, du côté des compléments, Sidonis Calysta a abandonné l’un de ses bonus présents sur l’édition Blu-ray de 2014 mais en a repris des éditions britannique et américaine d’Arrow et de Shout! Factory. On trouve donc une interview de Mathilda May, le making of d’époque (qui semble être un module promotionnel d’époque), la bande-annonce et selon l’édition, le livret de 32 pages rédigé par Marc Toullec, un habitué des éditions vidéo, qui revient sur la conception du film. Il est toutefois bien regrettable que l’éditeur n’ait pas pu reprendre tous les bonus d’Arrow tels que l’option d’une piste son avec la bande-son originale et les effets isolés ; le commentaire audio de Tobe Hooper modéré par le cinéaste Tim Sullivan ; ou les interviews de Tobe Hooper et Steve Railsback.
Cependant, Sidonis Calysta a fourni un travail formidable avec cette édition combo UHD 4K + Blu-ray (+ Livret) de "Lifeforce" qui mérite toute sa place dans vos filmothèques.
- RECOMMANDATION DE L'ÉDITION : 4,5/5
LIFEFORCE - L’ETOILE DU MAL EST DISPONIBLE EN ÉDITION COMBO UHD 4K + BLU-RAY CHEZ SIDONIS CALYSTA DEPUIS NOVEMBRE 2023 :