#039 - FAUX-MONNAYEURS, un film de Jack Arnold, 1956.
- LE FILM -
Synopsis : Berlin 1946. Un homme engagé dans l'armée d'occupation américaine est assassiné. L’un des officiers de la police fédérale engage son fils Johnny Salvo, en service militaire afin de purger une peine de prison et camarade de la victime, pour faire la lumière sur ce crime. L'enquête les met sur la piste d'une bande de faux-monnayeurs, installée en Californie...
Avec "Faux-Monnayeurs" ("Outside The Law"), Jack Arnold, connu pour ses œuvres de science-fiction ("Le météore de la nuit" - 1953) et du genre fantastique ("L’Étrange Créature du lac noir" - 1954), s’aventure au film noir, et en particulier au film procédural. Ce sous-genre met en scène les T-Men, les fameux agents spéciaux américains qui luttent contre le crime organisé dans des longs métrages mêlant une imagerie documentaire (et valorisante) - exposant les procédures et le courage de ces policiers spéciaux - au polar tout en nuances de gris et d’humanité du film noir. On peut nommer parmi les meilleurs représentants du genre : "La Brigade du Suicide" réalisé par Anthony Mann en 1947 ; ou encore deux beaux films avec Glenn Ford : le méconnu "Maître du Gang" ("The Undercover Man" - 1949) de Joseph H. Lewis et le reconnu "Allô, brigade spéciale" ("Experiment in Terror", 1961) de Blade Edwards.
Arnold n’est cependant pas étranger au film noir, il avait déjà réalisé trois ans avant "Faux-Monnayeurs", en 1953, "Le Crime de la semaine" (aussi disponible chez Elephant Films) et, la même année, le polar "Filles dans la nuit". Ce grand cinéaste de la série B joue avec "Outside the Law" sur un jeu d’équilibriste : d’un côté, il respecte les canons du procédural movie, de l’autre, il le détourne en concentrant toute l’intrigue policière autour de la relation d’un père et d’un fils séparés par frontière de la loi. Effectivement, le paternel a du arrêter son fils qui, sous emprise, a renversé une vieille dame. Pour purger sa peine, le fils est envoyé en service militaire. Mais le père lui propose d’effacer sa dette et de repartir de zéro en effectuant une mission pour les agents du trésor.
Ce travail sur cette relation permet à ce film noir bien mené et interprété d’avoir du cœur, toutefois, les deux tendances du film peinent parfois à se croiser de façon organique. Ainsi, le dernier tiers du film abandonne notre fiston transi d’amour pour l’une des suspectes afin de se concentrer sur l’avancée de nos T-Men. In fine, le sauvetage du fils par le père permet aux deux intrigues de renouer pour un final - au suspense excellemment mis en scène dans un petit mais beau décor de gare routière - qui permet au fils de sauver le père. Et c’est ainsi que la relation et l’enquête trouvent leur résolution : haut les cœurs !
- L'ÉDITION BLU-RAY -
"Faux-Monnayeurs" débarque pour la première fois en HD en France grâce à Elephant Films.
Le film de Jack Arnold a le droit à une très belle présentation en Blu-ray grâce à un master 2K plutôt soigné. Certes, les plans qui se mêlent via des fondus enchainés perdent en définition, mais cela est dû, comme d’usage, au procédé photochimique employé pour cette opération narrative. Oui, on trouve encore quelques artefacts du passage du temps : brulures de cigarette ; griffes et autres poussières. Mais le film se dévoile avec une image plutôt précise, avec une gestion du grain organique et un contraste digne de sa photographie.
Du côté du son, les francophones seront déçus avec l’absence de VF qui s’explique assez simplement : le film n’aurait jamais été doublé. La version originale en DTS-HD Master Audio 2.0 tend à valoriser les dialogues et mettre en retrait la bande-son musicale originale (plutôt oubliable) et les effets sonores.
Vous pourrez poursuivre l’expérience du film avec des bandes annonces de films de Jack Arnold édités par Elephant Films ("L’Homme qui rétrécit" ; "Tarantula" ; "Le Crime de la Semaine") et deux modules. On retrouve la présentation "Jack Arnold : Géant de la Peur" par (notre géant) Jean Pierre Dionnet, déjà présente sur l’édition Blu-ray de "L’Homme qui rétrécit". Le deuxième module consiste en un retour post-visionnage du film par Samir Ardjoum, critique youtubeur de la chaîne Microciné. Il revient sur la relation père/fils qui traverse le film via une analyse peu étayée, très courte, qui tend plus à paraphraser les extraits du film montés dans ce module - et même globalement l’ensemble du récit du long métrage - que vous avez déjà expérimenté.
Enfin, cette édition combo possède une jaquette réversible avec l’affiche originale du film. Même si cette édition est plutôt satisfaisante, on peut remarquer que l’éditeur a du mal à concevoir des suppléments intéressants et véritablement pertinents sur leurs éditions de films noirs tels que ces "Faux-Monnayeurs" ou "Détour" (dont notre retour est lisible ici).
- RECOMMANDATION DE L'ÉDITION : 4/5
FAUX-MONNAYEURS, EST DISPONIBLE EN ÉDITION COMBO BLU-RAY + DVD CHEZ ELEPHANT FILMS DEPUIS JUILLET 2023 :