#001 - EXTREME PREJUDICE, un film de Walter Hill, 1987.
- LE FILM -
Avec "Extrême Préjudice", on retrouve chez Walter Hill sa passion fougueuse pour le western hardboiled et emphatique, notamment inspirée par l'un de ses mentors et anciens collaborateurs, Sam Peckinpah.
Le critique, cinéaste et essayiste Jean-Baptiste Thoret voit d'ailleurs en "Extrême Préjudice" une relecture moderne de "La Horde Sauvage" (S. Peckinpah - 1969). Loin d'en reproduire l'intrigue, "Extrême Préjudice" tient surtout d'une œuvre Hill-ienne, c'est-à-dire d'un carrefour cinématographique où classicisme et modernité se rencontrent à travers la génétique du cinéma d'action alors en pleine mutation depuis la fin des années 60s.
Un montage serré pour un gunfight autour d'un bar miteux situé en plein désert ; une séquence d'action finale explosive et emphatique qui évoque effectivement la Horde Sauvage ainsi que la brutalité cinégénique d'un "RoboCop" (P. Verhoeven - 1987) et plus tard d'un "Total Recall" (Idem. - 1990 - aussi produit par Carolco), "Extrême Préjudice" porte justement sur un combat mythologique : le passé contre le modernisme, Nick Nolte versus Powers Boothe. Passionné par la figure du ranger, Walter Hill met ici en scène un affrontement entre deux anciens meilleurs amis, presque deux frères, dont les choix les amènent aujourd'hui à une lutte à mort : Nick Nolte, en cowboy droit dans ses bottes, avec son uniforme impeccable et sa moustache bien taillée, est souvent capté avec de nombreux cadres (fenêtre, carreaux flous, carrelage mural) en arrière-plans, contre Powers Boothe, parrain de la drogue local au costume blanc éclatant et dont les formes ondulées et la gueule mal rasée n'égalent que son gout pour le spectacle.
Ce concept old school passionnément revitalisé par Hill (et John Milius à l'origine de la première version du script) est croisé bon gré mal gré avec une intrigue d'espionnage militaire qui permet de retrouver des gueules de seconde zone telles que Clancy Brown, Michael Ironside ou William Forsythe. Même si leur sous-intrigue de soldats soi-disant décédés et devenus espions pour le gouvernement n'est pas toujours pleinement ingérée par le récit principal, leur présence à l'écran - notamment avec des flingues plein les bras - apporte une bonne grosse dose de plaisir bisseux qu'il serait injuste de bouder.
- L'EDITION BLU-RAY -
Le Blu-ray, présenté dans une édition STUDIOCANAL appartenant à la collection Make My Day ! gérée par Jean-Baptiste Thoret, rend très bien compte du caractère granuleux et sale du long métrage. On regrettera quelques plans d'ensemble flous. Il faut toutefois bien prendre en compte les conditions de tournage difficiles à El Paso sous des températures atteignant les 43 degrés. Les contrastes sont fermes et la définition reste toutefois bien solide.
Du côté du son, la VOSTFR et la VF sont présentes avec leur mix original Stéréo 2.0. La première, plus équilibrée, est conseillée.
Quatre bonus vidéo, dont la bande-annonce viennent compléter l'expérience du film : une préface intéressante et efficace signée par J-B Thoret sur le cinéaste, le film et sa place dans le cinéma d'action des 80s ; une émission de Thomas Cazals qui revient aussi sur la carrière du cinéaste - de son rapport à la violence aux rôles féminins ; et surtout un long entretien du toujours très loquace Walter Hill, tout en digressions passionnantes et détails ahurissants sur son parcours, ses liens avec Steve McQueen, Sam Peckinpah, son rapport au cinéma de plus en plus meurtri par les plateformes de streaming et la consommation audiovisuelle de masse, entre bien d'autres infos.
- RECOMMANDATION DE L’ÉDITION : 4/5
EXTREME PREJUDICE, DISPONIBLE EN BLU-RAY DEPUIS 2019, NOTAMMENT CHEZ METALUNA STORE : https://metalunastore.fr/products/extreme-prejudice